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Adrere Amellal, hôtel écologique en Egypte

Perdu dans le désert à 8 heures du Caire, cet étonnant palais est aux antipodes des standards du luxe international. | Par Benoît Merlin


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Adrere Amellal
L'hôtel Adrere Amellal n'a pas d'adresse. Normal, il est perdu en pleine nature, à des kms de la route, de la ville la plus proche. De ce que vous imaginez. Tout commence par un jeu de piste : il faut avant tout s'enfoncer dans le désert Libyque et traverser cette mer de sable jusqu'à l'oasis de Siwa. Huit heures de route depuis le Caire. Huit heures de cagnard. Là, il faut encore longer les pistes durant 15 km, rallier Fatnas Island puis contourner le lac. Vous y êtes enfin ! Mais le périple vaut le coup car l'Adrere Amellal est sans aucun doute l'hôtel le plus étonnant d'Egypte. Un palais des mille et une nuits, où le voyageur dort presque à la belle étoile.

Retour à la nature

Construit en 1997 par le docteur égyptien Mounir Neamatalla, l'Adrere Amellal ("montagne blanche" en berbère) est le premier hôtel écologique du pays. Un "ecolodge" diront les Anglo-Saxons. Pas d'électricité, on s'éclaire à la bougie ou à la lampe-tempête. Pas de téléphone, la cabine la plus proche se trouve à quinze bornes. En somme, pas de retour possible. Ici, seule la nature régente le séjour des clients. Audacieux, le concept se décline à volonté. À première vue, l'absence de climatiseurs dans les chambres pourrait en effrayer plus d'un. Pourquoi s'embarrasser ? La journée, l'ombre rafraîchit, la nuit, les vents frais du désert ventilent. La gastronomie, forcément, est bio. Un chef cuisinier d'Assouan mitonne des petits plats et invente de nouvelles recettes à partir des légumes du potager du site. Ses commis cuisent quotidiennement le pain dans un four en terre séchée. Tout est à portée de main pour celui qui accepte ce retour à la nature.

Adossé à la "montagne blanche", une butte calcaire comme il y en a beaucoup dans cette région, le complexe hôtelier dessine un village traditionnel. Les trente chambres sont construites en karshif, un mélange de terre, de pierre et d'eau salée. Maçons, charpentiers et menuisiers ont été recrutés sur place afin d'y apporter leurs techniques ancestrales, leur art.

 

salle de conférence Adrere Amellal

Salle de conférence de "l'écolodge",
le seul espace électrifié.

L'Adrere Amellal est un labyrinthe, un palais des mille et une allées. On se promène dans les ruelles étroites, ombragées, on emprunte des couloirs sinueux qui mènent à des places couvertes, des salons de lecture, des terrasses ensoleillées. On se perd avec volupté dans ces dédales naturels. À l'intérieur des chambres, c'est la même histoire : pas de mobilier importé. Les canapés et autres fauteuils sont en terre, accompagnés de coussins blancs. La moindre lucarne de fenêtre est sculptée ou ornée de pierres blanches. Bref, "une architecture très originale, qui change des hôtels classiques. Un exemple : les salle de bains sont à moitié à ciel ouvert", s'enthousiasme Robert, un touriste franco-égyptien qui y a séjourné une semaine.

Côté loisirs, rien ne manque au bonheur des contemplatifs. Une piste aménagée permet de gravir la fameuse montagne blanche. Du haut de cette pyramide naturelle, des siècles de nature vierge vous contemplent. L'oasis ceinturée de ses trois lacs juste en dessous, le désert au-delà. Les plus sportifs pourront le traverser en 4/4, les plus téméraires en dromadaires. Et puis, il y a la piscine. Enfin, une source naturelle, aménagée comme telle et dont l'eau est fraîche la journée, chaude la nuit. Mère Nature fait décidément bien les choses… "Mais rien ne vaut les magnifiques nuits de Siwa", prévient Robert. Des nuits noires, à peine troublées par les étoiles et les bougies disposées de-ci, de-là. Pour ne pas se perdre. Pour devenir, le temps d'une lueur, une ombre chinoise. Et puis la clarté d'un grand feu de bois d'olivier pour illuminer la place, là où on se retrouve pour prendre un verre dans un bar sans plafond ou dîner sur l'une des terrasses. Dans le silence absolu.

 

Chambre en karshif

Chambre en karshif,
entièrement restaurée

Seul nuage à l'horizon : le prix. Comptez 400 dollars la nuit en pension complète pour un couple. C'est le prix de l'authenticité. Car il ne s'agit pas ici de l'une de ces reconstitutions de palais, où l'on sculpte des moucharabiehs en carton-pâte. Plâtre, plastique et pastiche. Pas de ça ici ! L'Adrere Amellal est un palace d'une telle simplicité que cela en devient déroutant. Il est vrai qu'en Egypte, personne n'avait encore osé marier le luxe à la nature. Le prix s'explique aussi par l'intérêt social du projet : donner du travail à la main d'œuvre locale en utilisant leur savoir-faire. Tourisme, écologie et développement : ça coûte cher, mais ça peut rapporter gros… À tout le monde. Les râleurs se consoleront en se disant que c'est grosso modo le prix d'un quatre étoiles Michelin. Sauf que là, ils en auront des milliers au-dessus de la tête.

 

Benoît Merlin


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